Etudier au Canada : différences avec la France
- Tao is travelling
- 12 févr. 2023
- 19 min de lecture
Salut à tous !
Cela fait à présent 6 mois que je vis au Canada et 5 mois que je suis étudiant dans un CÉGEP (Collège d'Enseignement Général Et Professionnel ; c'est donc un établissement scolaire qui accueille des étudiants qui ont généralement 17 ans à leur entrée et 20 ans à leur sortie) alors j'ai pu constater de nombreuses différences entre le système éducatif français et le système québécois.
Le CÉGEP est donc un établissement d'études supérieures et on y effectue généralement un DEC (Diplôme d'Études Collégiales) qui est l'équivalent du BTS (Brevet de Technicien Supérieur) qu'on retrouve en France, sauf que le DEC s'effectue en trois ans et le BTS en deux ans.
«Révèle ta vraie nature.» - CÉGEP de Saint-Félicien
Relation profs-élèves
Commençons par un incontournable que beaucoup savent déjà, mais les relations entre les enseignants et les étudiants sont totalement différentes ici ; d'ailleurs cela vaut également pour le personnel (que ce soit l'administration ou même les aides pédagogiques) !
Pour commencer, on n'entendra jamais de "madame Machin", "monsieur Bidule", mais plutôt des "J'ai cours avec *prénom de l'enseignant*." ou "J'ai rendez-vous avec *prénom de la personne de l'administration*." Eh oui, on utilise uniquement les prénoms et c'est totalement correct !
Ca peut étonner au début d'entendre des étudiants interpeller un professeur en l'appelant par son prénom, mais les seuls moments où vous entendrez quelqu'un utiliser le nom de famille ce sera pour certains rares cas, comme par exemple au travail (j'y reviendrai dans un autre article), mais dans un CÉGEP, c'est un peu comme "interdit".
Il faut également tutoyer vos enseignants. Si vous les vouvoyez, ils vont plus ou moins mal le prendre car ils se sentiront vieux à vos yeux et le vouvoiement est perçu, dans ce contexte, comme quelque chose qui met une certaine distance hiérarchique entre vous, ce qui n'est pas du tout nécessaire dans un CÉGEP !
D'ailleurs, le tutoiement vient plutôt naturellement après deux mois environ, surtout que, dès le premier cours, les profs vous font une présentation d'eux-mêmes avec leur nom, prénom, genre, études réalisées, diplômes obtenus, expérience professionnelle en tant qu'enseignant et/ou en lien avec le cours enseigné, et puis ils vous présentent également leur famille et/ou les personnes (et animaux) avec lesquelles ils vivent. Souvent, ces présentations sont agrémentées de photos où vous les découvrez avec leur conjoint(e), leur(s) enfant(s) et animaux.
Et ils vous en parleront librement tout au long de la session (j'explique plus bas comment fonctionne le système de session) !
L'emploi du temps scolaire et les cours
Finis les journées de 10 heures !
En effet, au Québec, vous commencerez au pire à 8h40 et finirez à 16h40, ce qui fait des journées de 8 heures dont une heure de pause repas minimum de 12h05 à 13h05.
Quand on est habitué à faire du 8h-18h, ça fait vraiment bizarre, mais ça soulage aussi énormément !
Ainsi, on peut se lever plus tard (surtout moi qui habite à 5 minutes à pied du CÉGEP) et, comme on finit tôt, on peut profiter plus facilement de notre temps libre pour faire nos devoirs, voir nos amis, nous reposer... Beaucoup font du sport ou travaillent après les cours.
Mine de rien, le fait d'aller faire du sport après les cours, ça permet de se vider la tête et ça favorise le bien-être mental.
Dites "adieu" aux vacances !
Au Québec, l'année scolaire au CÉGEP est divisée en deux parties : la session 1 et la session 2. Une session est une sorte de semestre, sauf que chacune dure exactement 4 mois : fin août à fin décembre, puis fin janvier à fin mai.
Les seules vacances qui existent sont entre les deux sessions et durent un mois. Un mois complet où vous n'avez aucun devoir ni stage, juste du repos ou alors l'occasion de partir en voyage ou (très souvent) de travailler ou, pour les étudiants internationaux, de retourner chez leur famille.
Sinon vous avez aussi des "semaines de relâche" appelées également "mi-session" qui durent une semaine chacune et qui sont au nombre de deux dans une année scolaire entière. Ces semaines ne sont pas considérées comme des vacances pour les Québécois, mais elles sont semblables aux vacances qu'on connait en France car vous pouvez avoir des travaux à rendre durant la semaine et souvent des travaux de groupe à préparer. Elles ont généralement lieu en mi-octobre et début mars.
Un système que j'aime particulièrement : vous n'avez qu'un à trois cours différents par jour !
Personnellement, au Québec, comme vous pouvez le voir sur mon emploi du temps de session 1 (voir ci-dessus) ou même celui de session 2 (voir ci-dessous), j'ai toujours eu un seul cours par demi-journée, mais certains en ont deux le matin et un l'après-midi. Et il faut savoir que vous n'avez qu'une seule fois par semaine un même cours (sauf cas exceptionnels, comme moi où j'avais deux fois "attraits touristiques du Canada" en session 1).
Et oui, ce n'est pas un oubli : je n'avais pas cours les mercredis en session 1. Bien sûr, cela a été possible car j'ai pu faire valider des cours grâce à mes diplômes déjà obtenus en France (baccalauréat et BTS). Cela me fait 20h50 de cours par semaine en session 1 et 23h25 en session 2 alors qu'en France c'était plutôt environ 35 à 40 heures par semaine !
Bref, tout cela signifie que vous avez des blocs de cours de 1h45 à 3h35 chacun, mais je vous rassure : ça passe super vite et, en plus, si vous n'aimez pas ce cours, vous pouvez vous dire que vous ne l'aurez plus pendant une semaine !
Et puis les cours finissent souvent avant l'heure prévue car les profs vous disent "Bon bah j'ai plus rien à vous apprendre sur ce sujet donc vous pouvez partir" ou "Je vous donne cette activité à faire ; une fois terminée, vous êtes libres."
D'ailleurs, il n'y a aucune sonnerie (ni pour la fin des cours ni pour la pause repas ni pour la reprise des cours) donc les cours sont rythmés par une pause de 15 minutes que l'enseignant gère comme il le souhaite selon les activités qu'il a prévues.
Concernant les absences et les retards, sachez qu'ici vous êtes totalement libres !
Les profs vous le diront sincèrement : aucun cours n'est obligatoire alors vous pouvez tout à fait décider de ne pas venir à un cours ou à tous les cours, comme vous voulez. Les enseignants ne vous courront pas après. La seule obligation est celle d'être présent aux examens car vous obtiendrez un zéro en cas d'absence (et bon courage pour le rattraper car ce n'est pas le même système qu'en France).
Malgré qu'il n'y ait pas d'appels (relevé des présences), les enseignants préfèrent que vous envoyez au préalable un message lorsque vous ne pouvez pas venir en cours pour X ou Y raison ; ils seront généralement compréhensifs et vous pourrez facilement rattraper les cours puisqu'ils sont tous disponibles sur Moodle (site commun sur lequel vous pouvez retrouver tous les cours de chaque matière et triés par semaine de cours).
Vous avez un contrat avec chacun de vos enseignants.
Tous les professeurs sont obligés de vous présenter un document appelé "plan de cours" au premier cours. C'est une sorte de contrat entre vous et lui où vous êtes tenus de respecter chacun vos engagements (comme le fait que l'enseignant doit vous prévenir en cas de changement sur le plan de cours, ou que le plagiat n'est absolument pas toléré) et qui vous permet d'avoir accès au calendrier détaillé de chaque séance de cours de toute la session !
Un vrai trésor où vous retrouvez les dates déjà définies de vos formatifs (évaluations qui ne comptent pas pour les examens) et de vos examens. Donc vous n'aurez aucun contrôle surprise et pouvez organiser vos révisions bien à l'avance. C'est vraiment un super outil.
Si vous arrivez en retard en cours, contentez vous de rentrer discrètement, sans toquer, dans la salle et de vous asseoir. Ne saluez personne, soyez silencieux pour ne pas interrompre quelqu'un qui serait en train de parler. Certains profs s'arrêteront pour vous saluer, mais la plupart poursuivront le cours sans même regarder qui vient d'arriver.
En effet, les profs ne réagissent pas vraiment aux bruits de portes et de chaises car vous êtes libre de vous lever à tout moment et de quitter la salle pour prendre une pause personnelle de quelques minutes ou même d'une heure si vous en ressentez le besoin. Eh oui, ne demandez pas l'autorisation de sortir, les profs s'en foutent que vous quittiez le cours, c'est votre responsabilité si vous voulez aller aux toilettes, acheter un café ou juste rentrer chez vous.
Concernant les appareils électroniques, c'est un peu le même état d'esprit : vous pouvez utiliser votre ordinateur portable, une tablette ou même votre téléphone, on s'en fout tant que vous ne perturbez pas le cours.
Bon, évidemment, dans un soucis de respect, les écouteurs et casques audios sont refusés.
Vous pouvez aussi manger et boire. Souvent les étudiants se ramènent avec un café tout juste acheté à la machine ou au café étudiant (j'en parle plus bas). J'ai déjà eu des camarades qui prenaient leur repas en cours, et je l'ai déjà fait moi-même. Ca donne une toute autre ambiance quand on prend son repas pendant un cours, mais tant que l'odeur et le bruit ne gênent personne, on est totalement libre de manger, même des hamburgers ou des plats faits maison.
On a parfois des réunions sur l'heure de pause repas (souvent pour préparer les stages) donc tout le monde court acheter quelque chose à la cafétéria puis revient manger en salle.
C'est toujours le même principe : tant que vous restez discret et respectueux, vous êtes libres de faire ce que vous voulez !
Les notes et les examens
Les cours sont généralement plus simples.
En tout cas, c'est le cas pour quasiment tous les étudiants français ayant déjà fait des études supérieures (si vous n'avez "que" le baccalauréat, vous allez trouver cela plus dure car un DEC reste un diplôme d'études supérieures, mais ça n'a rien à voir avec la difficulté rencontrée en France).
Comme nous sommes habitués à prendre des notes, tout apprendre par cœur, puis tout "recracher" lors des examens en France, ici on vous incite à réfléchir et les cours sont beaucoup plus centrés sur des cas concrets et des expériences personnelles vécues. On passe généralement un tier du cours à raconter des anecdotes car l'échange d'expériences est très important et valorisé au Québec.
En études touristiques, on est souvent en sortie et ensuite nous devons faire un rapport évalué.
Beaucoup de profs pratiquent la "classe inversée" qui se traduit par des recherches qu'on réalise de manière individuelle ou en groupe de 2 à 4 et qu'on présente ensuite devant la classe. Au lieu que ce soit l'enseignant qui donne lui-même les informations, ça permet de se concentrer sur des faits qui nous intéressent plus, et parfois on fait également des jeux et le gagnant obtient quelque chose (une fois, on a même pu gagner un repas gratuit à la cafétéria donc d'une valeur d'environ 10$).
Pour les formatifs, c'est souvent plus simple aussi car ils sont parfois sous forme d'un Kahoot (quiz sur le téléphone) puisqu'au Québec ils considèrent les formatifs comme des entraînements, des façons de faire le point sur vos connaissances. Ils ne sont pas vraiment pris au sérieux donc pas de stress à avoir.
Il faut valider toutes les matières pour réussir.
Chaque matière doit être réussie au minimum à 60%, c'est-à-dire 12/20 et ce n'est pas une moyenne, mais une accumulation !
La session est rythmée par différents examens qui ont chacun leur pourcentage (un peu comme un coefficient). Un examen ne peut pas dépasser 40% car cela signifie que, si vous le ratez, vous avez échoué votre matière. En effet, pour réussir une matière, il faut donc avoir 60% ; une fois ces 60% atteints, vous êtes tranquilles et vous n'êtes même plus obligés de venir aux examens puisque, je le rappelle, c'est une addition et pas une moyenne de résultats comme on a en France.
Si vous échouez une matière, rassurez-vous, vous pourrez la repasser lors d'une prochaine session car vous devez réussir toutes les matières pour obtenir votre diplôme.
Cela signifie donc qu'il n'y a pas d'examen final.
Par exemple, en France, vous étudiez un nombre d'années avant de passer un gros examen de plusieurs heures sur un sujet donné, comme au baccalauréat. Ici, cela n'existe pas ! Vous êtes évalués via des examens tout au long de la session donc, une fois un cours validé, vous n'aurez plus besoin de prouver vos compétences là-dessus.
La seule matière qui fait exception, c'est l'anglais.
Au Québec, vous devez passer un test de compréhension orale pour être ensuite réparti par niveau : anglais de base, anglais intermédiaire, ou anglais avancé. Je trouve ce système vraiment super et les étudiants pensent la même chose car cela permet d'évoluer à son rythme et de ne pas être mélangé avec des personnes qui n'ont pas du tout notre niveau. Avoir des classes trop hétérogènes comme on retrouve en France est, selon moi, une très mauvaise chose car les "débutants" n'arriveront pas forcément à suivre et les "avancés" vont s'ennuyer donc cela crée du décrochage scolaire ; seuls les "intermédiaires" peuvent y trouver leur compte.
Cependant, cela peut aussi faire peur car j'ai été placé dans le niveau "avancé" et je me suis retrouvé avec des personnes totalement bilingues, certaines avaient même des parents anglophones ! Forcément, quand on vient de la France où personne ne parle anglais dans la vie de tous les jours, on se sent vraiment nul au début, mais on finit doucement par comprendre que, si on a été placé dans ce niveau, c'est qu'on est bien là où on doit être.
Pour le système de réussite en anglais, il faut valider les quatre compétences à au moins 60% chacune : compréhension écrite (ce qui inclut un examen de grammaire), compréhension orale, expression écrite et expression orale.
C'est donc un gros défi et c'est ainsi peu importe votre niveau ! Beaucoup échouent donc car ils n'ont pas réussi une des quatre compétences, et doivent repasser la matière au complet lors d'une autre session.
Les cours et les examens sont donc globalement plus simples, mais les critères de réussite sont plus élevés.
Et attention car la maîtrise du français est très importante au Québec donc il y a toujours 10% de la note de chaque examen qui est réservé pour l'utilisation conforme du français (orthographe, grammaire, conjugaison), sauf dans les cours d'anglais ou d'espagnol.
Prenez garde au plagiat car il est très sévèrement sanctionné lors des examens, cela vous rapporte un zéro ; et les enseignants disposent d'outils spécifiques pour démasquer les tricheurs !
La restauration scolaire
Vous retrouverez différents endroits où vous restaurer au CÉGEP : la cafétéria, le café étudiant et la machine à café (ça fait beaucoup de fois le mot "café", vous ne trouvez pas ?).
En effet, ici, si vous n'aimez pas le café, vous allez apprendre à l'aimer. Bien sûr, je plaisante, mais je dis surtout cela parce que beaucoup arrivent en disant qu'ils ne boivent pas de café, et finalement on les retrouve quelques semaines plus tard une tasse à la main pour se rendre en cours. La consommation de café est donc très populaire dans un CÉGEP et je serai bien curieux de connaître la proportion des recettes que cela donne.
Enfin bref, la restauration principale qu'on va retrouver, c'est la cafétéria.
Elle est divisée en deux parties : la partie "fast-food" et la partie "plats du jour".
La première propose toujours les mêmes choses : hamburgers, bagels, poutine, sandwichs, frites, paninis...
La deuxième change de menu chaque semaine et les plats sont préparés par un chef français.
Personnellement, en tant que végétarien, je prends toujours un cheeseburger, un bagel à l’œuf, un panini au tofu ou un plat du jour, dépendamment de mes envies et du plat du jour.
Vous allez me dire : "Oh, mais tu ne prends pas de poutine ?". Eh non, je n'aime pas trop la poutine de la cafétéria (je la trouve sèche) et je préfère me la préparer moi-même à la maison.
Contrairement à la France, vous devez payer votre plat à l'unité, il n'existe pas de "forfait" ou "d'abonnement". La seule alternative proposée est une carte de la cafétéria qui donne accès à une petite réduction sur les plats du jour : vous achetez la carte à 88.45$ (environ 62€) pour 10 repas, sachant que vous avez le droit au plat du jour, à un jus de fruit et à un dessert (yaourt ou dessert du jour). Vous avez une année scolaire complète pour utiliser la carte et vous pouvez en acheter autant que vous voulez.
Pour vous donner une idée, un plat simple avec un dessert coûte environ 8.50$ (environ 6€) alors qu'avec la carte vous avez un jus de fruit en plus pour moins cher.
L'eau est évidemment à volonté, mais vous verrez généralement des sodas, des jus de fruit et/ou des cafés sur les plateaux de la cafétéria car, ne l'oublions pas, nous sommes sur le continent américain donc le "cliché de la surconsommation de sucres". Vous pouvez aussi acheter des fruits à la cafétéria ou juste une boisson ou un dessert, c'est vraiment comme un restaurant indépendant où vous commandez ce que vous voulez et la quantité que vous souhaitez.
Cependant, beaucoup d'étudiants préfèrent manger chez eux ou ramener leur boîte-repas. Plusieurs micro-ondes sont en libre-service et cela permet souvent de faire des économies sur le budget "repas".
D'ailleurs, vous pouvez manger où vous voulez dans le CÉGEP, et même à l'extérieur (bon, on est d'accord qu'en hiver, on évite, mais vous aurez compris ce que je veux dire). Les seuls endroits interdits sont l'administration, les salles informatiques et la bibliothèque.
Ensuite vous avez le café étudiant qui est, comme son nom l'indique, géré par des étudiants du CÉGEP.
Ils vous prépareront eux-mêmes de nombreuses sortes de cafés différentes et proposent souvent des cafés adaptés à la saison ou à un événement (par exemple, pour l'automne, c'était un cappuccino à la citrouille). Vous pouvez même personnaliser votre café avec du lait végétal ! Ils vendent également quelques gourmandises.
J'adore l'ambiance de ce café et le fait que ce soit préparé sous nos yeux, en plus le rapport qualité-prix est bien meilleur que la machine à café ! Le seul inconvénient est qu'il n'est pas toujours ouvert et la majorité du temps où j'y vais, je le retrouve fermé car les étudiants sont bénévoles et font ça sur leur temps libre.
L'accompagnement
En France, on nous vend souvent les écoles en nous disant qu'on sera accompagné, en nous montrant des photos d'enseignants qui aident leurs étudiants, et puis boom, la réalité ressort et on comprend qu'on est seul face à nos galères du quotidien.
Ce n'est pas le cas au Québec ! Ici, les gens ont envie de vous aider et vont le faire réellement. Bien sûr, ils ne vont pas vous mâcher le travail non plus, mais ils vont vous donner tous les outils pour réussir, que ce soit dans le domaine scolaire, professionnel ou personnel.
Pour vous parler de mes expériences vécues, j'ai plusieurs exemples :
une des responsables des étudiants internationaux m'a déjà emmené en voiture à la pharmacie alors que j'étais vraiment pas bien pendant un cours
quand j'ai eu mon accident de voiture (dont je parle dans mon post sur 2022), on nous a mis en contact avec la psychologue du CÉGEP
quand j'ai attrapé une pneumonie, l'administration m'a fourni des tickets pour prendre le taxi gratuitement (aux frais du CÉGEP) pour me rendre à l'hôpital
une fois j'avais un chèque à encaisser, je suis allé à l'administration pour avoir des renseignements sur la procédure et ils ont appelé la banque eux-mêmes
Donc même s'ils n'ont pas les renseignements, ils vont trouver un moyen de les obtenir pour nous aider.
La santé mentale est très importante ici. Les "troubles mentaux", si je peux appeler cela ainsi, comme les différents dys, le TDAH, l'hypersensibilité, la dépression et l'anxiété, sont pris en compte et il y a une équipe qui est spécialisée pour aider les étudiants (et le personnel de l'établissement).
D'ailleurs, en parlant d'anxiété et de stress, vous remarquerez assez vite en venant dans un établissement où français et québécois se retrouvent que les fumeurs sont en grande majorité des français. Selon moi, cela démontre en partie à quel point le système scolaire en France nous a mis la pression jusqu'à parfois nous pousser à cette dépendance du tabac (bien sûr, ce n'est pas une généralité) ; et les québécois font souvent la remarque lorsqu'on parle de ce sujet.
Petite précision pour les fumeurs, au passage : au Québec, il est interdit de fumer à moins de 9 mètres d'un bâtiment public.
Vous avez également des centres d'aides pour les cours.
Vous pouvez prendre rendez-vous avec un enseignant (souvent de langues, de philosophie ou de mathématiques), que ce soit le vôtre ou non, pour vous aider si vous ne comprenez pas certaines choses, si vous avez besoin d'aide avec vos devoirs ou pour corriger vos fautes (je rappelle que 10% sont accordés pour le français dans chaque examen).
La "salle des profs" n'existe pas ici. Chaque enseignant a son propre bureau et vous donne sa localisation au cas où vous en auriez besoin car, oui, vous pouvez aller les voir à tout moment pour leur parler. La plupart des enseignants sont présents toute la journée, même quand ils n'ont pas cours, ou alors ils affichent leur emploi du temps sur la porte de leur bureau avec le moyen de les contacter.
Une clinique-école a été installée en fin 2022 au CÉGEP pour permettre aux étudiants en DEC Soins Infirmiers de se pratiquer avec de véritables patients, tout en étant encadrés par une vraie infirmière, et pour donner plus facilement accès aux premiers soins aux étudiants.
C'est vraiment pratique, notamment pour les personnes qui ont besoin de faire des prises de sang, des injections ou d'accéder à des moyens de contraception. L'équipe est très ouverte et, même s'il y a des étudiants, on ne se sent pas jugé, peu importe la raison pour laquelle on s'y rend.
L'ambiance dans l'établissement
Vous l'aurez donc compris, l'ambiance dans un CÉGEP, c'est vraiment cool !
On se croirait presque dans un film américain, comme High School Musical, avec ces longs couloirs bordés de casiers jaunes, ces étudiants habillés selon leur envie et/ou selon leur domaine d'études (on reconnait souvent facilement les étudiants en soins car ils se baladent en blouse, par exemple), il y a aussi les sportifs (notamment les basketteurs avec leur ballon toujours entre les mains ou sous le bras), les "informaticiens" avec leur ordinateur, et les artistes avec leur style bien à eux (ça, c'est ma "gang" comme on dit ici) ; et puis les mystiques bus jaunes !
Concernant les équipes de sport, on peut aller assister à des matchs dans notre gymnase, ce qui rappelle encore une fois une ambiance assez américaine avec des étudiants qui jouent le rôle de commentateurs sportifs.
Le CÉGEP est évidemment notre lieu de vie, mais il devient même notre deuxième maison !
Ouvert de 8h à 22h la semaine, et à des horaires un peu moins étendus le samedi et le dimanche, vous trouverez toujours des étudiants qui traînent à la place centrale.
La place centrale c'est LE lieu convivial du CÉGEP avec de la musique diffusée en libre-service, une table de billard, un babyfoot, et de nombreux espaces de travail et de regroupement, avec des canapés et des salles insonorisées.
A la bibliothèque, l'ambiance est toute autre, elle est totalement insonorisée, dispose de fauteuils sur lesquels on peut lire tranquillement et même de lampes pour faire de la luminothérapie (très important pour le corps, notamment en hiver) !
Vous avez même la possibilité de recevoir votre courrier au CÉGEP, mais je n'ai jamais testé ce système alors je ne vais pas en parler plus que cela.
Et puis il y a la COOP qui est une sorte de magasin à l'intérieur de l'établissement où vous retrouverez tout le nécessaire pour vos cours (matériel de prises de notes, cours écrits, livres de cours, matériel scientifique...), mais aussi des goodies à l'effigie du CÉGEP (sweat-shirts, bonnets, gourdes...), des produits de soins (savons et shampoings durables, huiles essentielles...) et des snacks (wraps, boissons, bonbons...).
La majorité des étudiants a un job à côté de leurs études.
Beaucoup vont travailler en magasin (commis caisse ou commis mise en rayon) ou en restauration. Certains, comme moi, ont la chance de pouvoir travailler dans leur secteur d'études, ce qui ajoute une vraie plus value à leur CV et à leur expérience professionnelle.
Pour rappel, je travaille dans un hôtel en tant que réceptionniste.
Il est vrai que la vie est "plus cher" au Québec (je mets des guillemets car cela dépendra de la vision de chacun et parce que le pouvoir d'achat est également plus élevé ici), mais il faut savoir que cela fait également partie de la culture québécoise. Les jeunes commencent à travailler à 14 ans généralement (et oui, c'est totalement légal) parce qu'il y a une grosse pénurie de main d'oeuvre dans la province, et puis le continent américain est habitué à ce que les étudiants travaillent à côté de leurs études.
C'est rare et même étonnant quand quelqu'un dit ne pas travailler et c'est souvent parce que ses parents prennent en charge tous ses frais.
Pour aider les étudiants, certains sont bénévoles pour aller chercher les invendus des magasins alentours et ensuite les proposer gratuitement en libre-service à l'Amigo Frigo, un espace de stockage alimentaire à côté du café étudiant. On y retrouve de tout (fruits, légumes, café, yaourts... ; et même parfois de la viande ou du poisson, mais ça reste rare). Il y a aussi un espace de dons de vêtements et d'ustensiles de cuisine.
On privilégie vraiment la santé mentale au CÉGEP (et plus généralement au Québec) plutôt que les études ou le travail.
Si tu vas pas bien, tu peux facilement contacter quelqu'un, que ce soit un de tes enseignants, une personne de l'administration ou des services adaptés, ou même un inconnu, il y aura toujours quelqu'un pour t'aider.
Cependant, il faut savoir demander de l'aide ; si tu n'en demandes pas, c'est rare qu'on vienne t'en proposer ; mais si tu en demandes alors tu peux être sûr que tu seras accompagné à fond !
Le CÉGEP est divisé en plusieurs parties appelées également "département" selon les domaines d'études (pour le tourisme, nous sommes le secteur D, en vert), comme vous pouvez le voir sur le plan ci-dessus, le CÉGEP est immense et réparti sur trois étages ; et c'est facile de se perdre au début.
Rassurez-vous, au bout d'un mois, vous le connaîtrez comme votre poche !
Si vous regardez le plan, vous constaterez qu'on retrouve au CÉGEP trois salles de sport, un gymnase (qui sera d'ailleurs bientôt agrandi) et même une piscine municipale ! Nous avons aussi la salle Azimut qui possède une scène et qui accueille régulièrement des artistes, mais aussi des activités extra-scolaires comme le théâtre ou le club de musique.
Le seul inconvénient c'est que certaines salles de cours n'ont pas de fenêtre donc on se sent assez "enfermé". C'est toujours plus agréable d'avoir cours tout en observant les étendues de neige, par exemple. Heureusement, la salle réservée aux touristes (c'est comme ça qu'on nous surnomme, ceux qui font le DEC Technique de tourisme) a une immense fenêtre, ainsi qu'une carte du monde qui fait tout le mur, et on a été l'une des premières salles à être équipé d'écrans connectés.
Les initiations sont une grande étape pour chaque étudiant.
Elles permettent de donner le ton dès les premières semaines de l'année scolaire. Je vous rassure, ce ne sont en rien des bizutages ! Toutes les activités doivent être validées auprès de l'organisation scolaire au préalable et les étudiants travaillent dessus avec motivation. Le but étant de créer un lien avec et entre les nouveaux étudiants le plus tôt possible tout en les initiant à leur domaine d'études.
Par exemple, en tourisme, on a dû monter sur scène en faisant une improvisation pour faire rire le public (donc travailler sur la gestion du stress et de l'imprévu, et le fait de parler devant un public), on a été répartis en équipe pour faire un parcours du combattant, et on a fait des jeux liés à l'orientation, au travail d'équipe, à l'art... On a été couverts d'eau, de farine, de sable et de terre, mais on s'est éclatés ! On a même eu la chance de faire un feu de camp au bord d'un lac, c'était magique.
Ce qui peut "choquer" au début, c'est la présence d'agents de sécurité !
Nous avons généralement un ou deux agents de sécurité qui circulent dans l'établissement, comme des "surveillants". Au départ, ça peut faire peur ou donner l'impression d'être en prison, mais, je vous rassure, je ne les ai jamais vu une seule fois intervenir ou faire des choses déplacées. C'est plutôt comme une sorte de "au cas où".
Quand il y a des party (des fêtes organisées par les étudiants en salle Azimut), les agents de sécurité sont également présents car il y a un bar à l'intérieur de la salle où on y vend de l'alcool (oui, oui, c'est totalement normal sur le continent américain). Ils vérifient qu'il n'y ait pas de problème ni de conflit et que personne ne sort avec de l'alcool car la consommation n'est autorisée qu'à l'intérieur.
Et puis parfois il y a des événements assez surprenants qu'on n'aurait jamais connu en France, comme CÉGEP en spectacle qui est un concours de talents réservé aux étudiants et retransmis en direct. L'équipe technique est constituée majoritairement d'étudiants bénévoles et est orchestrée par un enseignant qui a à cœur de mettre en valeur le talent de nos étudiants.
En 2022, c'est d'ailleurs un de mes collègues de classe qui a remporté la finale locale et qui va partir présenter son talent à la finale régionale puis à la finale nationale contre les autres CÉGEP du Québec ! Et à l'occasion de la finale locale de notre établissement, nous avons eu en invitées d'honneur deux drag-queens québécoises qui ont présenté leur métier en place centrale toute la journée puis qui ont donné un show privé au public de CÉGEP en spectacle pendant que le jury délibérait dans une salle secrète.
J'ai été ravi de participer à cela en tant que présentateur, c'était une expérience inoubliable. On nous a même permis d'écrire notre propre texte, on était équipés avec des micro-casques...
Comme son slogan l'indique, le CÉGEP nous permet de révéler notre vraie nature !
Alors si vous hésitiez ou que vous ne saviez pas s'il s'agissait d'un cliché ou d'un fait réel, j'espère que cette publication vous aura permis d'y voir plus clairement. Je suis tout de même curieux de lire vos pré-jugés par rapport au système scolaire québécois alors j'attends vos commentaires !
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